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Catégories : Prose et Poésie

Fragment XV

 

Je ne sais pas

quand viendra l’aube

  

Je ne sais pas

Quand viendra l’aube

Boiteuse et  incertaine

Ni si Morphée cédera la place

A un autre jour

 

Je ne sais pas

Quelle épitaphe

Aura ma sépulture

Ni quelle ortie d’abandon

Ou ornement florale

Recouvrira ma tombe

 

Je ne sais pas

Quand viendra l’aube

Boiteuse et incertaine

L’ornement

Venant de toi,

Je le sentirai

Dès la porte de la cité,

Nécropole, dirais-tu !

Qu’à cela ne tienne

Crotte de chat

Lys ou jasmin

Venant de toi

Je les sentirai

Elles incrusteront leurs racines

Autour de ma blancheur nue

 

Je ne sais pas

Quand viendra l’aube

Boiteuse et incertaine

Les enfants viendront

Jouer avec mes fleurs

Tu viendras de nuit

Arroser le perdu

Les racines me chuchoteront

Ta démarche incertaine

Ta frêle silhouette

Le craquement de tes pas

Sur la terre battue

 

 Je ne sais pas

Quand viendra l’aube

Boiteuse et incertaine

Les racines traduiront

En symphonie tes pleurs

Tes larmes arroseront

La terre battue

Qui me lira

Notre histoire passée

 

Je ne sais pas

Quand viendra l’aube

Boiteuse et incertaine

Pour ouïr tes pas

Sentir ton poids

Au-dessus de ma nuit

 

Et là

Je ne voudrais que de la terre

Pour sépulture

De la terre je fus

A la terre je retourne

Terre je redeviens

Et là

 

 

Je sais

Que l’aube viendra

Boiteuse et incertaine

Regarder

Notre histoire passionnelle

Contes et images  

Des amants d’autrefois

Des amants à venir

Eclairer

Notre  étreinte éternelle

Et là

Les êtres de nuit

Assisteront paisiblement

A nos ébats évanescents

Je ne verrai de toi qu’une lumière

Tu ne verras de moi qu’un filet fluorescent

Tu me perceras de ton éclat humide

Je t’accueille dans ma béance éclairée

Nous fusionnons en une boule

Fulgurante vers l’éternité

Aquatique

Terreuse

Aérienne

Qu’importe !

 

Rachid Daouani

Béni Mellal, le 08 Janvier 2008

18 commentaires Lien permanent

Commentaires

  • Ariane Wolteche Daumen à 16:32, le 8 janvier
    Merveilleux poème d'un amour pour l'... Lire la suiteéternité, ou rien de macabre ne vient troubler le sommeil en attente, le souffle éteint qui guete, espère encore et encore, immobile dans son silence, parce qu'il n'a plus que cette patience du temps qui s'est arrêté, du dernier instant qui se repète à jamais, dans cette lente marche funèbre des mots qui appellent, muets, de cette main figée qui se tend sur rien, de ce corps de pierre à l'écoute du moindre passage du monde des vivants, de ces petites choses qui puissent encore distraire son âme errante, déterminée à croiser le chemin des larmes des souvenirs si c'était elle... parce que ce sera elle, un jour, une nuit, maintenant, plus tard ou ailleurs, parce que cet amour là était trop fort pour rester trop longtemps séparé, esseulé, oublié pour l'éternité, parce qu‘elle se transformera elle aussi à son dernier jour pour le rejoindre et fusionner à jamais cette fois dans cette immensité du temps qui aura repris, à deux à nouveau…
    J'aime!!!

  • Tourolle Marie à 16:34, le 8 janvier
    Des mots justes..des mots vrais..des poémes de 364 jours et une nuit..

  • Fedwa Misk à 16:39, le 8 janvier
    en voilà un fragment qui se suffit de son éternité... Rachid c'est magnifique :)

  • Rachid Daouani à 16:52, le 8 janvier
    Aprés la mort des amants , ma plume brulera..je vais cesser d'écrire

  • Tourolle Marie à 16:59, le 8 janvier
    Ils ne mourront jamais,du moins je l'espère...les amants sont immortels.;Roméo et Juliette,Héloise et Abelard, Tristan et Iseult...ect

  • Rachid Daouani à 17:14, le 8 janvier
    Je sais mais moi je me sens vide et évidé ...j'ai l'impression que quelque chose est entrain de me quitter

  • Ange-Marie Mucel à 17:16, le 8 janvier
    Ta plume ne s'éteindra pas, et tu seras contraint d'écrire, car ces fragments, quels qu'ils soient sont beaux.
    Ils m'ont tous émus, car, à chaque fois, je suis entrée dans le poème, et de spectatrice, je suis devenue partie prenante.
    Ces fragments sont des joyaux.

  • Ariane Wolteche Daumen à 17:17, le 8 janvier
    Non Rachid, tu dois écrire dans l'éternité aussi...

  • Rachid Daouani à 17:26, le 8 janvier
    Que suis je sans vous? que pourrais-je sans vous ? Mes dames!...je vous remercie pour votre charmante et agréable hospitalité...j'espere ne pas vous decevoir.....vos commentaires me font beaucoup de bien

  • Nawal Berrada à 17:33, le 8 janvier
    Tous ces fragments sont absolument sublimes,mais ce dernier est d'une telle beauté!!On en a le souffle coupé...
    Non,tu te dois de continuer,pour toi,pour nous tous!
    Des amants pareils,ne meurent jamais,ils sont liés pour l'éternité!
    Et ta plume ne brulera pas ,tu as encore tant de beautés,tant de choses à nous faire partager!!
    Chasse cette impression ,et reviens nous ...

  • Ariane Wolteche Daumen à 17:38, le 8 janvier
    C'est exactement ça Nawal, impossible de nous en passer désormais! Ce n'était possible que lorsque qu'on n'avait pas encore lu le premier vers... et je suis comme Ange-Marie, Fedwa ou Marie, et j'en redemanderai toujours!

  • Nawal Berrada à 17:51, le 8 janvier
    Merci Ariane de me soutenir dans ma démarche,qu 'est de redonner
    à notre si grand magicien des mots,Rachid,toute sa plénitude!
    Nous nous devons de le soutenir en pareils moments,lui,qui nous a tant apporté avec ces merveilleux fragments,avec sa magnifique plume!!!
    Rachid,ne doute plus..ta plume ,ton verbe,ne peuvent s'éteindre!
    Nous serons tous,toutes,là,chaque jour à scruter le moindre mot,
    que tu mettras en ligne.
    Et nous en demanderons encore et encore...

  • Asma Regragui à 17:57, le 8 janvier
    Bonjour Rachid,
    Viendra l'aube. Pardon, je n'ai jamais été douée pour les commentaires, je suis celle qui décortique. Tes mots sonnent plus que juste. En te lisant, il a fallu te relire et te relire encore et encore. Sais-tu Rachid que ce poème me rappelle un des merveilleux sixains du Fou d'Elsa. Non seulement possèdes-tu une plume légère et juste, mais il y a dans tes mots plus qu'un ajustement, il a place à l'onirique. Car après tout ce qui fait la beauté d'un texte ce n'est pas le plaisir ressenti à la lecture, mais celui qui perdure après. Bien au contraire, je pense que ce fragment n'est que le premier d'une nouvelle série.
    Merci infiniment de tant de générosité

  • Patricia Loughani à 18:40, le 8 janvier
    Poème de très grande qualité !
    Chaque mot est empli d'amour et d'espoir !
    Tu évoques la mort et pourtant, elle n'est pas triste car elle n'est pas une fin mais une porte où réside un sentiment encore plus fort !
    Eros, Thanatos : l'amour et la mort sont souvent liés d'une manière ou d'une autre et cela depuis l'antiquité. L'amour est au dessus de tout et c'est ce qui fait sa puissance et sa vitalité ! L'amour est éternel quand il est profond et sincère ! L'amour est une danse et un repos pour les amants. Aprés les effusions, la douceur d'un lit et après le sommeil, à nouveau, le tourbillon sans cesse et sans fin. C'est cela l'amour et c'est pour ça qu'il est si beau et si intemporel. L'amour est suprême mais encore faut-il qu'il soit né et qu'il soit grand ! Cet amour-là est si rare mais c'est ce qui nous pousse à vivre et à espèrer : la vie c'est l'amour et la mort c'est la pérennité de l'amour...

    Félicitations, chèr ami poète !!!!!!
    Je ne me lasserai pas de livre ces mots.

  • Joelle KHOURY à 18:51, le 8 janvier
    Je pense Rachid qu'il faut que tu écrives, le dernier poète ou troubadour dans ce monde qui a remplaçé l'amour par le sexe qui se vend et s'achète dans les bouges. Le poète qui écrit bercé par la flamme de la bougie ou quinquet, avec son vague à l'âme, sa frénésie offre au monde une partie d'humanité et entre lui-même dans l'éternité. J'aime beaucoup ce poème. Asma a raison, il a la douceur des poèmes d'Aragon. Continue à nous charmer Rachid... tu es fait pour ca!

  • Nicole St-germain à 18:22, le 9 janvier
    Rachid...ta plume est en harmonie avec les mots d'amour...tu écris avec une telle vérité,une passion incroyable,c'est intense...tu apposes tes mots avec ton coeur...c'est vibrant et le ressenti à te lire est empreint de douceur et de rêve!
    Bravo et Merci Rachid

  • Anne Dijon-Willame à 19:02, le 9 janvier
    C'est tellement beau, Rachid...Merci. Que dire de plus, au fond ?

  • Fatima El Hachemy à 19:14, le 9 janvier
    J’ai toujours connu et reconnu ton talent au théâtre…
    J’ai toujours apprécié et aimé tes œuvres. Souvent les textes été écrits par Abd Allatif Allabi…
    Rachid Daouani le metteur en scène j’ai eu le plaisir de connaître…
    Aujourd’hui je découvre Rachid le poète… et je suis fane…
    Tes mots sont touchants Rachid. Ils nous emportent dans un rêve magnifique.
    Seigneur de la plume continu d’écrire…Tes écrits nourrissent des âmes…

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