Fragment XXXXXXIII
Je t’entends partir
Je t’entends faillir
Je t’entends dormir
Ton ronflement
Berce
Accompagne
Ma solitude
Au moins ça !
Ton sifflement
Ton oisiveté
Atteignent
Les méandres
De ce qui
Me reste
Comme raison
Seul !
Je marche
Seul !
Je compose
Seul !
Je décompose
Seul !
Je pose
Seul !
Je dissolve
Seul !
Je nomme
Seul !
Je dénomme
Quelle absurdité
Est-ce ?
Quelle folie
Est-ce ?
Que je marche !
Que j’erre !
Que je devienne
Fou !
Tes heures
Tes saisons
Ton passé
Ton présent
Somnolent
Sur mes yeux
Éveillés
De ton temps
Je suis l’exclu
De ton monde
Je ne suis
De ton ailleurs
Je ne suis pas
Être
Ou
Ne pas être
C’est là la question
Tu es où
Je ne suis pas
Je suis
Où tu n’es pas
Qui suis-je ?
S’il te plaît
Envahis mon silence
Fouette ma vacance
Par la cravache
De ta satanique
Symphonie
Parce que
Tu ronfles
Oui
Tu ronfles !
Les balbutiements
Que tu profères
Et qui se débitent
Malgré toi
Disent cette folie
Qui me gangrène
Fouette
Mon silence
Avoue tes secrets
Rêves
S’il te plaît
Prends-moi
Avec toi !
Ne sois pas ingrate
Emmène-moi
Dans ton absence
De ce côté
De rien où
Règne
Ta vacuité
Emmène-moi
S’il te plaît !
Mon oreille
Est déserte
Infectée
Que dis-je
Infestée
Juste par cette
Purulente litanie
Qui accompagne
En duo
Tes diaboliques
Ronflements
Avec en comble
De percussion
Ce lubrique
Silence
Du commun des
Mortels
Qui ne vivent que
Le matin
Et ce chien !
Ce chien
Sans pédigrée
Ce bâtard
De chien
Qui aboie
Annonçant
L’aube incertaine
L’aube des gâtés
Des ivrognes
Revenant de
Leur banquet
Ces esclaves
De l’ère moderne
Ces cancrelats
Qui démarrent leur
Voitures à crédit
Ce lépreux
Ce galeux
De chien
Qui accompagne
Leur vigile
Veillant sur
Leur grégaire
Sérénité
Et moi !
Moi je suis
Prisonnier
De tes ronflements
Et des aboiements
Du galeux
Héro des abattoirs
Désaffectés
S’il te plaît
Emmène-moi
Avec toi
Fouette de ton
Ronflement
Mes yeux enflés
Bridés
Débridés
A force de voir
Leur maudite aube
Je me révulse
De voir le soleil
Vomir ses lueurs
Annonçant une
Autre torture
Le clébard aboie
Tout son saoul
Repu
Il ose quelques mètres
Loin de
Son maître
Arrive à la ruelle
D’à côté
Reviens bredouille
A coté de son maître
Le veilleur de leur nuit
Ils s’éveillent
Dans leur aube
Leur squelette
S’érigent
Qui de la première prière
Qui à pied
Qui de sa voiture
Qui de sa charrette
Qui de ses marchandises
Menthe
Eau de Javel
Vieux habits
De partout
De nulle part
Dans tous sens
Les éboueurs
Contents de leur
Nouvelle benne
S’y mettent de la partie
Des rabats joie
Des inviteurs
A l’insomnie
J’entends leurs
Pas…pan pan pan
Pan pan pan
Armée de cancrelats
Horde de sauvages
Modernes
Fouteurs de troubles
Me donnent
Le coup de grâce
S’il te plaît
Emmène- moi !
Assaisonne
Ma maudite journée
De ta nonchalance
Orne là
De ton ron ron ron
Ronflement
Efface mon soleil
Peint ma lumière
Du noir
De tes
Pleines nuits
Emmène-moi
Dans ta vacuité
Contamine-moi
De ton indifférence
أسمعك تنامين
أسمعك تنامين
زفيرك يدوح مللي
خمولك يصل الى عتبة عقلي
أمشي و أخمن
أي حـمق هذا؟
فلا أمشي فأخبل
فصلك يتتاءب على عيني الساهرتين
خدي حياتي التي تدوم على وصولات على الشمس
تعالي أيقضيني
هل تنامين؟
تعالي في صمتي
اضربي فراغي بشخيرك
لأنك تشخرين
نعم تشخرين
تقولين تلك الكلمات
الرهيفة التي لا تقال
سوى للذين يريدون سماعها
تقولين حمقك
اضربي صمتي
اعترفي بأحلامك السرية
من فضلك
خذيني معك
هيا لا تكوني لئيمة
خذيني لغيابك
إلى ذلك الجانب من لا شيء
الذي يملوك
من فضلك
خذيني
أذني متعفنة بالصمغ
الذي يترقرق في طبلتي
كل هذا الصمت المائع
للأحياء التي تعيش مستيقظة
لشمس الصباح
ذلك الكلب الأجرب
ابن العاهرة
ذلك الكلب ينبح
معلنا عن الصباح
صباح المخنتين و الثمالى
العائدين من عربدتهم
و عبيد العصر الحديث
يقلعون فرحين
سياراتهم بالسلف
ذلك الكلب الأجرب
إبن العاهرة
ذلك الكلب
الذي يرافق عسسهم
حتى تطمن قلوبهم
و أنا هنا
بين نباح الكلب
و شخيرك
من فضلك
خذيني معك
اضربي بشخيرك على
عيني المنتفختين
من كثرة مشاهدة فجرهم
التعيس
الشمس تتقي خيوطها
صباحا
الكلب الأجرب
ينبح حتى التخمة
من تخمته يتجسر
ليصل الزقاق المجاور
و لكن سرعان ما يعود نابحا
الى جانب سيده
في فجرهم
تقوم هياكلهم
من بالصلاة
من بالسيارة
من بالقدم
في كل اتجاه
من كل حدب
من كل صوب
أسمع خطواتهم
مترجلين
يمشون بخطى واحدة
كالعسكر
من فضلك
خذيني معك
تبلي نهاري بضربات
خمولك بشخيرك
افرغي رأسي
املائي ليلي
خذيني معك.
رشيد دواني
Rachid Daouani ©
(Dépôt SGDL 06/2009)
Commentaires
Le fracas du silence........souvent plus éloquent que tous les cris clamés et proclamés......
Ce fragment me plaît énormément Rachid.......
Khadija Belaouej, à 02:53 le 1 juin
نعم رشيد، كلمات رهيفة ليست ككل الكلمات لأنها في لغة أخرى لا يفهمها إلا من يتكلمها و يمشي على حبلها
كلمات تحمل في طياتها كل معاني الجبن و الكذب و الغدر و الخداع
مزيدا من الإبداع أخي رشيد
و الله كتابتك هاته اسعدتني و اثلجت صدري
Hayet Bouzid, à 07:19 le 1 juin
désolée, Rachid je ne pourrai pas lire cet article en francophone que je suis !!! en analphabète que je suis !!! je ne lis ni n'écris l'arabe !
bien à toi !
Hayet
Abdelhamid Khadraoui, à 07:46 le 1 juin
Honte à moi, Cher ami, de ne pouvoir comprendre grand chose à cet écrit. Oui, car rédigé dans la langue de mon pays et non dans celle de ma mère...Je t'assure que j'en ai vraiment honte de ne pouvoir te lire...
Merci Rachid.
Véronique Sauger, à 12:00 le 1 juin
Très Cher Rachid, le même texte en français me siérait aussi, pour publication bilingue et "en résonance" à venir.
Youssef Z Charif, à 12:27 le 1 juin
الصديق رشيد
الكلمة امتداد سري
دون جنسية
دون جواز سفر
بين هذا المدى الشاسع و الانا ... Lire la suite
الشعر سفر لذيذ حقا يغوي
شكرا لك على متعتك/ متعتنا
كلماتك / كلماتنا
مع المودة
Bernadette Jadot, à 12:49 le 1 juin
ラシッドさん、御免なさい、アラビア語、私は分かりません。^_-
Avec toute mon amitié à toi Rachid et à vous tous. Amour et paix. ;-)
Abdelhamid Khadraoui, à 12:55 le 1 juin
Alors là si Bernadette se met à commenter en azteque c'est pas demain la quille ! Merci Rachid pour la traduction: je me serai jamais pardonné de rater une si belle plume. Merci encore.
Abdelhamid Khadraoui, à 12:59 le 1 juin
Je relirai plusieurs fois...et j'apprendrai l'arabe.
Aberchane Halima, à 14:21 le 1 juin
Le texte est beau aussi bien en arabe qu'en français!!
à lire et à relire avec toujours autant de plaisir...
Merci Rachid!
Jancet Jarkass, à 15:14 le 1 juin
لأوّل أقرأك باللغة العربيّة
قرات ما كتبته مرّات ..لم أكتفي بمرة واحدة و السلام
بل غصت معك و مع شخير أنثاك التي تمثلتهاأمامي
كنت رائعا في نقل الصّور و الأفكار و الأحاسيس
أتمنى لكلماتك الامتداد بالعربية لأنها تستحق..
Hedia Sedairia, à 16:08 le 1 juin
Après ma lecture,en arabe et en français,je me sens comme l'invitée choyée,doublement servie par son hôte!
Un vrai régal,chaque langue a donné une teinte nuancée au texte et du coup je sens une gêne par rapport à mes autres amis!
Ce matin en lisant la version arabe,instinctivement j'avais commencé "une traduction "à ma manière:
"Je t'entends dormir,ton expiration berce ma lassitude,ton indolence flirte au seuil de ma conscience..."
C'était juste une ébauche,un essai...... Lire la suite
Merci pour la double ration Rachid;)
Véronique Desnoe, à 18:47 le 1 juin
La langue arabe est tellement belle à contempler !
Merci pour cette traduction !
Mais pour le poète l'écriture qui apporte la lumière et qui efface la solitude !!
Joelle KHOURY, à 20:15 le 1 juin
En arabe, c'est époustouflant! Les sonorités et la musique de la langue se prêtent tellement à cet emboîtement avec le grain de la voix qu'on pressent. Lingua mater! Je n'en dirais pas plus. J'ai cru entendre ta voix Rachid avec sa violence rugueuse et sa douceur. Merci pour cet enchantement.
Samar H Hamed, à 20:29 le 1 juin
insomnie...inquietude... et une femme qui dort profondement...perdue dans les nuages.dans un autre monde , de silence .et toi ,tout ce bruit dehors , n'est rien devant son ronflement ( calme ), qui cause ta nervosite... comment peut-elle dormir ,te laissant ainsi , tout seul avec des idees d'enfer...tes sentiments sont naturels et sinceres .
c'est comme ca que j'ai lu ce texte ... le titre est attirant et l'idee est neuve...merci.
Daniela Fakhry Summa, à 21:39 le 1 juin
Enfin du VRAI RACHID... j'adore!!. Dommage que je ne sache pas l'arabe. Je reste persuadée que ce doit être beaucoup plus imagé et bien plus raffiné encore. Avoir la "dent dure" te sied à merveille. Une facette de plus que tu nous a devoilé. Mille merci Rachid, tu as fait une heureuse :))
Véronique Sauger, à 21:58 le 1 juin
Une réelle création, affirmée, sans concession, de Rachid, aux rythmes hachés de l'insomnie et de ces relations de sopor et amor approchant un oxymore. Cruel, le sommeil l’est ici à double titre, il se plaît dans un dérangement terrible qui fait supplier sans voix l'indifférence. La pensée intérieure et les pérégrinations fortes te vont superbement, très Cher Rachid.
Anne Volpe, à 22:46 le 1 juin
Rachid, j'ai difficile de commenter, j'en ai le souffle coupé.....je suis partagée....je me sens bousculée..".Efface mon soleil, peint ma lumière du noir de tes sombres nuits..."
J'aime le rythme de ce texte et merci du partage.. surtout de l'avoir traduit...je déplore mon ignorance de l'arabe....mais j'admire la beauté graphique de cette langue qui se dessine comme une oeuvre d'art....
Véronique Sauger, à 23:00 le 1 juin
J'ajoute pour finir que l'entrée en musique, le temps que les lecteurs s'installent dans un bruit entre sons gutturaux et musique électronique, crée l'ambiance. On croirait voir la scène, drapée de blanc. Se tourne et se retourne un homme tenant des ballons, ses mots, ses pensées, ses supplications. Spectateur lui aussi de la tragédie du sombre de tes nuits ? Superbe. Cette voie(x) est superbe, et le mot est faible...
Catherine Deschamps de Boishebert, à 04:34 le 2 juin
...Et, si pour être "contaminé", il suffisait de te laisser aller...
De cette "cravache satanique", laisser l'âme y sentir comme un train en partance vers un bien-être de devenir...Aux ronflements prendre la cadence et voguer dans son absence qui n'existe peut-être pas vraiment...Juste oser se laisser emmener... sans trop se mettre à penser au mauvais côté...du miroir...
Ce n'est que mon ressenti...celui de quelqu'un de bien petit...sans plus.
... Lire la suite
Je t'embrasse, mon ami Rachid.
Tendresse♥
Osuna Suárez Joana, à 10:25 le 2 juin
J'aimerai bien pouvoir lire ce texte. J'ai étudié un cours d'arabe classique il y a plus de 20 ans, et cela n'a pas été suffi. Belle calligraphie que j'aime encore practiquer avec es élèves magrabiens!
Osuna Suárez Joana, à 11:14 le 2 juin
Ils sont tellement beaux tes tristes vers! Comme j'aimerai t'écouter entonner ton poème!
C'est un chat ton interlocuteur? (dsolée de la naivité de ma question)
Anne Volpe, à 12:37 le 2 juin
Je suis revenue lire ton fragments Rachid, Je l'adore je pense qu'il est ... Lire la suiteà relire et relire... Je l'aime...c'est une déséspérance lyrique qui pourrait devenir un chant d'amour fusion en changeant simplement l'attente en action....J'adore ce passage, il me parle et j'aurais voulu l'écrire aussi.... " Fouette mon silence, avoue tes secrets, rêve s'il te plait, prends-moi avec toi! ne soit pas ingrat, emmene-moi dans ton absence, de ce côté, de rien où règne ta vacuité...."
Un jour tu as écris cette définition de la vacuité que je trouve très belle :
"L'éternité est l'instant d'entre les instants...la vacuité qu'il y a entre l'instant et l'instant....vacuité fulgurante que j'essayes de saisir avec mes mots, la fixer dans l'hors temps et l'hors-espace pour échapper à l'usure...dire l'amour pour qu'il ne soit pas uniquement trace sur le sable que tous les vents peuvent éffacer...C'est ça l'Eternité pour moi du moins..."(RACHID) donc il y a l'action qui doit absolument
intervenir ...Anne
Faten Somai, à 15:09 le 2 juin
supplication inutile: avec la mort, c'est le seul voyage que l'on fait seul, malheureusement... le texte arabe est poignant et le français enivrant
Véronique Sauger, à 15:59 le 2 juin
La lecture est forte par l'idée que l'on s'en fait soi-même, voix intérieure et significations. De mon point de vue, ce poème contient un sentiment qui, s'il ne s'exprime pas ici par des arias ou mélopées, contient néanmoins la vie ... Lire la suiteà deux, et pourrait être mis en exergue des autres poèmes, ou en coda, c'est selon. Il est nourri de ce fameux rythme que l'on argue souvent sans savoir, réel mouvement littéraire, rythme intuitif de son auteur, un dénommé Rachid Daouani qui écrit, luxe, avec ses tripes. Bienvenu très Cher Rachid sur la Terre du son, des résonances, et des significations profondes... Admirativement à toi. Je t'embrasse.
Annie Lautner, à 06:54 le 3 juin
Désespérance des âmes qui vivent côte à côte sans pouvoir se rejoindre... chacun vivant dans son propre monde où l'autre peine à accéder.
Ainsi va la vie qui se nourrit des attentes et des supplications des êtres qui l'habitent.
On aimerait pouvoir réveiller le dormeur pour que ses yeux s'arrêtent enfin sur le doux de ces lèvres qui supplient... qui implorent... Mais on reste impuissant...
C'est très beau Rachid mais vivement la sortie du rêve...
quand les amoureux se retrouvent et se reconnaissent...... Lire la suite
J'aime les histoires qui finissent bien...
Sourire du coeur
Monique-Marie Ihry, à 07:53 le 3 juin
Emmène-moi... envahis mon silence... accompagne ma solitude, me ne maisse pas confronté au reègne absolu et cruel de ton absence... Le poète crie sa souleur de se voir confronté au départ de l'... Lire la suiteêtre aimé. Au-dehors, la civilisation et les incontournables bruits sordides qui peuplent les silences de l'aube rappellent à l'amant une séparation imminente qui le replongera dans les marasmes de l'absence à subir, et de sa présence qu'il lui faudra gérer.
Ce poème me parle beaucoup. Il est de loin celui que je préfère. Il me fait penser au chant de l'alouette qui annonçait une séparation des amants shakespeariens. Je souhaite vivement la venue d'un rossignol annonciateur d'un crépuscule plein d'espoir.
Je t'embrasse
Myriam Aziadée Koriche, à 09:07 le 3 juin
Magnifique en arabe...très touchant en français :-) Merci Rachid !!!
Maryjoe Danton, à 09:12 le 3 juin
"Contamine -moi de ton indifférence" fort très fort...
Immense douleur....
"Comment peux-tu vivre là où je ne suis pas, moi je ne peux vivre où tu n'es pas!" Amitié
Sophia Chefchaouni, à 10:10 le 3 juin
très touchant rachid, que c'est triste de ressentir l'indifférence de l'autre, c'est mortel....
Loulou Decastries, à 11:55 le 3 juin
j'aime le rythme qui nous conduit à en perdre le souffle à "l'indifférence" si terrible !
Antoinette Deley, à 18:40 le 3 juin
Merci,j'ai réeussi à dormir malgré le rendez-vous chez le médecin aujourd'hui et l'examen médical prévu vendredi
Nawal Berrada, à 01:12 le 4 juin
Lov it Rachid!!!Super cru!!!!
Minnie Tananbaum, à 08:50 le 4 juin
Rachid, tes mots sont époustouflants!