Fragment XXXXXXXXXXII
Le rimailleur en flagrants délires !
FAtma ! Je délire et je te le dis.
Nos dires nous enivrent. Nous nous en sommes soulés depuis des siècles… Nous voilà au pied du mur. Nous voilà devant le fait pas encore accompli. Ce n’est pas encore fait...
Nos mots, nos dires, citadelles et remparts illusoires, contre les assauts de notre désir. Jusqu’à quelle mesure pourrons-nous tenir le siège ? L’abstinence est énorme. Lourde. Pesante.
Il y a longtemps. Le temps de ton absence. Le temps où il n´y avait de toi que l’idée. En ce temps je t’avais parlé de notre amour à l’insu du texte sacré. Ah ce sacré texte profane ! (cf. I et II). Je voulais te dire que, quand tu n’étais pas là FAtma, tu étais le fruit défendu, prohibé. Tu es ce fruit dont la symbolique, chair ou âme, réveille, attise, et brûle l’envie et la convoitise de mes lèvres que tu aimes tant. Mes lèvres je commence à les aimer par ton amour. Elles seules savent, malgré mes sourires, l’avidité des dents du mâle qui habite en moi. Je n’y peux rien. Je suis mâle et pas uniquement diseur de mots. Mon mal est ma culture et ma raison. Je te dis non avec la raison. Je te dis oui en silence…
J’ancre mon regard à tes pupilles à la fois bleues et noisette. Orientales ou occidentales. Va le savoir rimailleur du non sens ! J’ancre/encre mon regard au tien pour augmenter mon désir et le tien. Pour tenter la tentation. État entre deux, où l’acte jubilatoire, l’ultime, aura ou n’aura pas lieu.
Quand je ferme mes paupières mes pupilles sentent tes doigts. Ma peau tressaille à tes moindres touchers. L’ivoire de ta peau, le brun de tes cheveux parcourent et traversent mon corps dans tous les sens…
Tous me dictent tes angoisses. Ils me psalmodient ton appréhension…
Je vois tes lèvres qui saisissent les miennes. Mine de rien elles me chantent ton envie de moi... écrivent en moi avec leur chaleur et leur souplesse ton avidité de moi. Je suis happé, aspiré. Je ne vois, pense et n´agis qu’avec ma bouche…
A mon tour, je psalmodie et égrène sur le parvis de tes lèvres d’agréables spasmes. Intenses. Lents. Ils croissent à force… Étayent les canaux de tes désirs, tes cavités s’ouvrent, tes proéminences se dressent à vue.
Le feu nous atteint ... Proéminence mienne ...
J’attends ta bénédiction ...
Rachid Daouani
Ouarzazate, le 12/13 Décembre 2009